25th November 2024
L’équipe de BTB s’est récemment rendue dans les Hautes-Terres-du-Cap-Breton pour voir fonctionner la première abatteuse-façonneuse 1135 vendue en Amérique. Highland Pulp Ltd., qui est située à Truro, en Nouvelle-Écosse, a récemment acheté la machine pour faire de l’éclaircissage ayant peu d’impacts environnementaux.
— Paul Iarocci
Highland Pulp est une entreprise familiale de Cap-Breton qui a une longue histoire, dont le propriétaire est James Tompkins. Donald Tompkins, le père de James, qui a fondé Highland Pulp en 1962, était un pionnier en matière de mécanisation puisqu’il a utilisé une abatteuse-façonneuse Beloit dès 1965. Il a par ailleurs acheté en 1970 une abatteuse-façonneuse Koehring conçue pour le bois court. « Nous l’avons utilisée jusqu’en 1989. Pendant les dernières années, elle servait aux travaux de préparation de site », explique James.
(Remarque : De nombreux membres de l’équipe d’origine de Tigercat ont travaillé chez Koehring Waterous, une entreprise de fabrication d’équipement lourd qui est située à Brantford et a été achetée par Timberjack en 1988.)
Donald Tompkins est décédé en 1983, juste au moment où la tordeuse d’épicéas concluait plusieurs années de destruction dans les forêts de Cap-Breton. La pullulation de celle-ci a détruit des arbres occupant environ 1,2 million d’hectares au total, ce qui a entraîné de grandes coupes totales pour régénérer la forêt. Il n’y avait même plus de bois à couper à un certain moment. Après le décès de son père, James Tompkins a pris la tête de l’entreprise en tant que fils aîné. En 1989, il l’a relocalisée de la vallée de Margaree à Truro (dans la partie continentale de la Nouvelle-Écosse).
25 ans plus tard, Highland Pulp réalise désormais des opérations dans les Hautes terres pendant la courte saison d’été, à travers la coupe totale et l’éclaircissage dans les quelques forêts replantées à la suite de l’invasion de la tordeuse, mais généralement non aménagées. Les équipes d’éclaircissage de Highland Pulp utilisent une combinaison d’abatteuses-façonneuses Tigercat de la série 845 et des transporteurs de 14 tonnes. James Tompkins a acheté sa première abatteuse-façonneuse Tigercat H845B en 2001, et le prototype du transporteur 1014 de Tigercat en 2004. Il vient tout juste de vendre ce transporteur, l’abatteuse-façonneuse H845B quant à elle est encore utilisée tous les jours. Curieusement, celle-ci est tombée en panne quelques temps après la livraison, à cause d’une défaillance de l’alternateur. James Tompkins et le directeur régional de Tigercat, Chris Baldwin, avaient peur que la machine soit un tas de ferraille, mais elle a fonctionné par la suite pendant 35 000 heures presque sans problèmes, en étant utilisée sur deux quarts de travail, ce qui a dissipé leurs craintes. Cette année, Sandy Hodgson, chef des produits forestiers de Wajax Equipment Maritimes, a vendu à James Tompkins une nouvelle abatteuse-façonneuse H845C. La machine sera livrée courant janvier 2016. Highland Pulp utilise en tout trois abatteuses-façonneuses H845.
En septembre 2014, Highland Pulp a acheté à Wajax la première abatteuse-façonneuse 1135 vendue en Amérique du Nord suite à une minutieuse analyse des besoins de la compagnie par Sandy Hodgson et le directeur régional de Tigercat, Chris Baldwin. (Chris Baldwin connaît bien l’abatteuse-façonneuse 1135, grâce à ses longues années d’expérience dans le marché suédois.) L’abatteuse-façonneuse 1135 a été conçue en 2009 pour réaliser un premier éclaircissage de peuplements ayant peu d’impacts environnementaux en Suède. Paradoxalement, c’est pour protéger une espèce rare menacée, la martre d’Amérique, que cette technique de récolte à très faible impact environnemental s’est imposée. « S’il n’y avait pas ce type d’éclaircissage, Port Hawkesbury Paper ne pourrait pas utiliser ce bois du tout », mentionne James Tompkins. L’abatteuse-façonneuse 1135 travaille dans une partie de la forêt s’étendant sur 40 000 hectares, protégée car considérée comme l’habitat de la martre d’Amérique.
Les derniers éclaircissages de ce type ont été réalisés dans la province il y a dix ans. Cette technique est de nouveau employée, non seulement pour préserver l’habitat de la martre d’Amérique à Cap-Breton, mais aussi dans la partie continentale, où les pistes de transporteur doivent être espacées de 30 m afin d’atténuer les risques de purge amplifiés par les racines peu profondes caractéristiques des arbres d’une grande partie de ces forêts.
L’idée est que l’espacement minimal entre les pistes de transporteur soit d’au moins 30 m. L’abatteuse-façonneuse 1135 passe deux fois entre les pistes, en utilisant la flèche de 9,7 m pour façonner le bois et le déposer à côté de la piste la plus proche à mesure qu’elle pénètre au cœur de la forêt, en éliminant les arbres jusqu’à ce que la surface terrière soit de 20. Les volumes d’éclaircissage produits sont ensuite confirmés en utilisant des drones dotés d’une technologie de détection et télémétrie par ondes lumineuses (LIDAR). Le système LIDAR émet des impulsions lasers pour générer des modèles en 3D, ce qui permet d’obtenir des données fiables sur l’inventaire du peuplement, notamment, la distribution en volume et en diamètre.
L’abatteuse-façonneuse 1135 et le reste de l’équipement de récolte utilisé dans les Hautes terres sont employés dans la partie continentale de la Nouvelle-Écosse à la fin du mois d’octobre car il est impossible de récolter des arbres sur l’île en hiver, les accumulations de neige atteignant souvent plus de 3 m dans les régions élevées.
James Tompkins était jeune lorsqu’il a repris Highland Pulp. Ses deux frères cadets travaillent à ses côtés. Robert Tompkins est mécanicien et Kevin Thompson, opérateur. James Tompkins a deux fils, Adam et Michael, qui travaillent également dans l’entreprise. Tous deux sont apprentis-mécaniciens en équipement lourd. Actuellement, Adam Tompkins gère l’équipe d’éclaircissage.
L’opérateur de l’abatteuse-façonneuse 1135, Jacob Curry, n’avait jamais travaillé sur une abatteuse-façonneuse à roues auparavant, mais après avoir utilisé la machine pendant un mois, il se sent à l’aise et est productif dans les espaces restreints. Les arbres sont courts, dotés de nombreuses branches et très rapprochés, ce qui limite la visibilité et l’espace disponible pour exécuter les manœuvres. En marchant derrière l’abatteuse-façonneuse 1135 dans le peuplement, il est presque impossible de remarquer qu’une machine de 15 tonnes vient tout juste de passer. Cette machine très étroite et la grue à excellente maniabilité qui peut contourner des arbres debout permettent de perturber la forêt le moins possible. Un aspect innovant de cette abatteuse-façonneuse 1135 est qu’elle est dotée d’une tête plus grosse (Logmax 5000) que toutes les machines correspondantes utilisées en Suède. C’était une nécessité pour James Tompkins, afin que la machine soit polyvalente, qu’elle puisse traiter des troncs plus gros et réaliser des opérations de coupe totale, selon les besoins.